Australian Journal of French Studies

Abstract

For the last few decades in France, the “call of the real” (Philippe Forest) has presented itself to many writers as nothing less than an ethical imperative. Indeed, texts belonging to referential or “factual” literature have multiplied to such an extent that commentators – echoing Husserl’s famous exhortation – have talked about a “return to the real” (Dominique Viart), as if literature, in its rejection of fiction, was vowing to immerse itself anew in the world. This article focuses on three recent and notable examples: Philippe Vasset’s Un livre blanc (2007), Thomas Clerc’s Paris, musée du XXI^e siècle (2007), and Olivia Rosenthal’s Viande froide (2008). If an effort to explore, track and inventory a precarious real lies at the core of these texts (precarious because it is often nearly invisible, inaudible or already fading away), they also display formal strategies that attempt to capture something singular, strange or in excess, in short everything that in the “real” resists or challenges representation.

Un large pan de la littérature contemporaine, en France, s’est donné pour tâche de répondre à ce que Philippe Forest nomme “l’appel du réel”, comme s’il s’agissait pour ces écrivains d’obéir à un véritable impératif éthique. À tel point que Dominique Viart, pour caractériser la production des dernières décennies, n’hésite pas à parler d’un “retour au réel”. Or l’engagement référentiel du littéraire tend souvent à faire l’impasse sur toute notion de mise en forme. Cette contribution s’intéresse à quelques textes récents qui font figure d’exception: Un livre blanc, de Philippe Vasset (2007), Paris, musée du XXI^e siècle, de Thomas Clerc (2007), et Viande froide, d’Olivia Rosenthal (2008). Si ces ouvrages donnent à lire l’arpentage, l’exploration, le repérage et l’inventaire d’un réel qui demeure précaire (parce qu’invisible, inaudible ou menacé d’oubli), ils présentent aussi des dispositifs dont l’enjeu est de donner forme à la singularité, à l’excès, à l’étrangeté, bref à tout ce qui dans le « réel » résiste aux représentations existantes.